POINTE DE LA SANA voie normale
ALTITUDE : 3436 m
TYPE : Neige
MONTEE : 5 h
DENIVELEE : 1436 m
COTATION : F
ALLER/RETOUR : 9 h
Accès :
De la vallée de la Tarentaise, à Val d'Isère, prendre à droite la route direction la vallée du Manchet. Stationner au parking terminus après un chemin caillouteux (2000 m).
Itinéraire de montée :
Prendre le sentier direction le tour du Mont Roup. Redescendre pour traverser le torrent et suivre la piste direction S-O. A 2124 m suivre le sentier à droite vers le chalet du Charvet. Puis continuer rive gauche du ruisseau jusqu'à 2600 m d'où l'on sort du sentier pour rejoindre le glacier des Barmes de l'Ours via la moraine.
Rejoindre le col du même nom direction plein sud et remonter l'arête à droite jusqu'au sommet.
Itinéraire de descente :
Par le même itinéraire jusqu'au col et environ 500 m en dessous, partir vers droite sur la moraine et le pierrier. Suivre le sentier à l'est du Mont Roup et rejoindre la piste après le chalet du Riondet.
08 août 2002
La veille, nous étions enfermés dans notre chalet du Pré (1430 m) à Sainte-Foy Tarentaise depuis plusieurs jours, il pleuvait et neigeait même vers 2800 m. Un temps de chiotte quoi! Soudain, la radio nous annonce une amélioration dans l'après midi et un temps magnifique pour le 8 août, mais une nouvelle dégradation le 9 août. Yannick et moi décidons de profiter de cette accalmie. Notre choix se porte sur un sommet coté Facile avec quand même un bon dénivelé (1500 m) : La pointe de la Sana. En effet mon expérience modeste en haute montagne ne me permet pas d'envisager une course plus difficile.
Réveil à 2 h, puis nous prenons la route pour Val d'Isère et s'engageons dans la vallée du Manchet jusqu'au terminus. Départ à 4h du parking en direction du chalet du Riondet. Plus tard nous attaquons la moraine rive droite nous menant au glacier des Barmes de l'Ours. Le glacier est peu incliné, j'aperçois le col du même nom, je me dis que cela va passer comme sur des roulettes. Nous nous équipons (crampons, piolet, encordement). J'ouvre donc la voie à mon second et constate au fur et mesure de notre progression, que nous marchons sur une bonne épaisseur de neige récente et gelée sur sa surface. Je suis attentif et remarque que les crevasses sont bien recouvertes et qu'il va falloir faire très attention à la descente. Aussi j'invite Yannick à accélérer un peu parce que je sais que le soleil ne va pas nous attendre. Nous sommes au col (3077 m) à 7h45 et 1h15 plus tard au sommet.
La vue est magnifique sur 360°. Nous restons 20 mn et je décide de prendre le chemin de la descente. Nous arrivons au col rapidement et sans difficulté, mais c'est après que ça se corse. Je rallonge la distance qui nous sépare et demande à Yannick de passer devant afin que je puisse l'assurer s'il le fallait. En effet, je sais qu'il faut traverser le glacier et je comprends que les crevasses (après ces chutes de neige) sont difficilement décelables. J'oriente donc Yannick dans le choix de l'itinéraire de descente mais cela n'a pas suffit. Soudain ce que je craignais arriva. Yannick casse un pont de neige et se retrouve avec une jambe dans le trou et l'autre sur la lèvre de la crevasse. En équilibre précaire il parvient à se sortir de cette fâcheuse posture pendant que je l'assurais. Nous repartons. Je lui demande de faire très attention et de sonder avec son piolet le sol afin d'être sur de poser le pied sur du dur. Mais plus bas, pensant que de toute façon si Yannick passe je passe, je traverse de tout mon corps un pont neige et m'enfonce dans la crevasse. Ma chute survenue comme un éclair fut enrayée par mon sac à dos et mes crampons contre la paroi de la crevasse. Je sens aussi la tension de la corde qui tente de me sortir. En deux mouvements je m'extrais de la crevasse. Un grand doute s'empare de mon compagnon de cordée qui commence à "flipper grave". Je n'étais pas mieux, mais il ne fallait pas qu'il s'en aperçoive. En fait, je ne voyais pas bien comment sortir de ce piège qu'est ce glacier. Je lui dis donc un gros mensonge :
- Ne t'inquiète pas, cela m'est déjà arrivé une fois, nous sommes sortis du glacier après sondage du sol à chaque pas pour être sur, ça nous a pris pas mal de temps mais ça s'est bien passé!
Il nous reste que 200 à 300 m de distance à vol d'oiseau pour prendre pied sur la terre ferme (ça ressemble plus à un tas de cailloux qu'à de la terre mais bon! c'est pareil). Nous continuons notre progression extrêmement lente et prudente mais ça n'empêchera pas Yannick de rééditer son expérience. Rebelotte, en voulant sauter une crevasse, il s'approche et la lèvre cède. Cette fois-ci il en a marre. J'arrive à le résonner et au bout d'1h30 (pour 200m de distance) nous sortons du glacier. Joyeux, il me remercie, je lui avoue alors que j'étais plutôt inquiet et nous en profitons pour tirer les leçons de cette mésaventure.
Lors de notre descente sur le sentier bien marqué où nous rencontrons plein de monde, j'ai le temps de penser à ce qu'il était arrivé. Je comprends pourquoi nous étions seuls ce jour en plein mois d'août sur un sommet facile est assez connu en Vanoise. Je comprends aussi que ma recherche de l'autonomie passe avant tous par les anciens (je parle d'expérience et non pas d'âge) et qu'un apprentissage dans les règles de l'art est plus prudent. J'ai voulu griller les étapes et cela aurait pu mal finir même sur un sommet facile et par beau temps.