Cette
course restera graver dans ma mémoire. Ces caractéristiques générales
sont les suivantes :
- Dénivelée : 1420 m.
- Temps de course : 11 h 30.
- Terrain : sentier, pierrier , gros éboulis sur 250 m puis rocher sur
170 m assez aérien. Ajouté à cela ma forme quasi inexistante du moment,
vous comprenez aisément que tous les ingrédients sont réunis pour m'offrir
une journée éprouvante. Pourtant, le temps est magnifique, le site grandiose
et très peu fréquenté. Nous laissons la voiture à Pierre Giret à 6 heures
45. Puis la longue approche commence. Et quand je dit longue, je pèse
mes mots. Nous traversons le plateau de la Sassière, s'engouffrons dans
la vallée la plus à gauche longeant le ruisseau du Petit. Nous arrivons
au lac du Petit et alternons replats et ressauts. Je trouve cela agaçant
: avant chaque replat je pense apercevoir enfin le sommet, mais non
ce sera la prochaine fois, ainsi de suite. Quand je vois enfin l'Assaly,
je suis déjà bien fatigué. Et pourtant il me reste à gravir un éboulis
et l'arête finale. Autant dire que je ne suis pas au bout de mes peines.
Dans l'éboulis, j'avance de deux mètres et j'en redescend un. Je me
demande même, comment mes jambes portent encore mon corps. Enfin parvenu
au col à 3002 m, Daniel me demande :
- Alors, va t'on au sommet ?
Après une courte réflexion, je réponds :
- De toute façon, cela fait longtemps que je suis cuit, alors un peu
plus ou un peu moins !
Nous attaquons une escalade facile cheminant parfois entre de gros rochers
puis atteignons enfin la cime à 12 heures 30. En haut, j'oublies mes
douleurs et me sens soudain léger. Sentiments qui disparaîtront aussi
vite qu'ils sont apparus. La vue est sympathique, elle s'étend du massif
du Mont-Blanc au nord jusqu'à la Grande Sassière au sud, du Cervin à
l'est jusqu'à la Chartreuse à l'ouest. Puis vient le moment de redescendre.
Avec prudence nous enchaînons entre les blocs pour parvenir au col et
se jetons (vu la pente, on peut le dire comme ça) dans l'éboulis. La
faible réserve d'énergie encore présente dans mon corps me permet tant
bien que mal de descendre cette pente pour rejoindre notre lieu de repas
attendu depuis longtemps. Là, je me restaure et déjà à court d'eau,
Daniel m'offre la moitié de son orange. Je suis tellement fatigué, déshydraté,
et agacé par ce retour que la descente est pénible. Enfin, nous arrivons
à la voiture à 18 heures 15. Du repas au couché, je bois deux litres
d'eau, sans oublier un bon apéritif bien mérité. Je m'endors en pensant
que plus jamais je n'y retournerai et pourtant je suis heureux d'avoir
vécu cette journée.
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